Pénibilité au travail : respectez-vous vos obligations ?

La loi vous impose désormais d’évaluer et de prévenir la pénibilité au travail (Articles L. 4121-1 et L. 4161-1 du Code du travail). Bilan des accords et plans d’actions de prévention, de la traçabilité des expositions, des mesures pour prévenir ou compenser la pénibilité au travail. penibilite-travail

Qu’est-ce que la pénibilité ?
Les éléments constitutifs de la pénibilité ont été définis pour la première fois en 2010. La pénibilité se caractérise par deux éléments constitutifs :

  • Une exposition du travailleur à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur sa santé.
  • Ces facteurs de risque sont liés à des contraintes physiques marquées, un environnement physique agressif, certains rythmes de travail.

Dix facteurs de pénibilité sont réglementairement définis.
La réforme des retraites 2014 a introduit quelques nouveautés à compter du 1er janvier 2015. Pour les risques professionnels susceptibles de constituer des facteurs de pénibilité, le Code du travail prévoit que seules les expositions dépassant certains seuils, après application des mesures de protection collective et individuelle, sont prises en compte dans la fiche pénibilité (article L. 4161-1 issu de la loi 2014-40 du 20 janvier 2014 et entré en vigueur le 1er janvier 2015).
Les seuils d’exposition sont précisés dans le Code du travail (article D. 4161-2 du Code du travail), sachant que pour six des dix facteurs, leur entrée en vigueur est différée au 1er janvier 2016. Sont désormais prévus, pour chaque facteur de pénibilité, des seuils d’exposition chiffrés associant une action ou une situation à une intensité et à une durée minimale.

La prévention de la pénibilité
L’obligation légale de prévenir les risques professionnels, et donc la pénibilité, concerne toutes les entreprises, mais seules certaines ont l’obligation de conclure des accords collectifs portant sur la prévention de la pénibilité.
La loi 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites a complété le Code du travail (article L. 4121-1), pour y introduire une obligation de prévention de la pénibilité au travail dans le cadre de l’obligation générale de sécurité qui incombe à l’employeur.
De plus, depuis le 1er janvier 2015, l’employeur doit annexer au document unique les données collectives utiles à l’évaluation des expositions aux facteurs de pénibilité de nature à faciliter l’établissement des fiches pénibilité, notamment à partir de l’identification de situations types d’exposition et la proportion de salariés exposés à ces facteurs au-delà des seuils (article R. 4121-1-1 du Code du travail).

La traçabilité des expositions aux facteurs de pénibilité
Dans toute entreprise, quelle que soit sa taille, et pour chaque salarié exposé à un ou plusieurs facteurs de pénibilité, au-delà des seuils réglementaires, après application des mesures de protection collective et individuelle, l’employeur doit remplir une fiche individuelle d’exposition aux facteurs de pénibilité. Les modalités de communication et de transmission de cette fiche sont également encadrées.

Les compensations liées à la pénibilité
À la possibilité de départ en retraite anticipé prévue par la réforme des retraites de 2010, s’ajoute, sans pour autant s’y substituer, un deuxième dispositif mis en place par celle de 2014, instaurant le compte personnel de prévention de la pénibilité.
Les deux dispositifs de compensation coexistent :

  • La loi 2010-1330 du 9 novembre 2010 : abaissement de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour tous les salariés justifiant d’une incapacité permanente partielle au titre d’une maladie professionnelle (MP) ou d’un accident du travail (AT), sous certaines conditions (applicable depuis le 1er juillet 2011).
  • La loi 2014-40 du 20 janvier 2014 : instauration d’un compte personnel de prévention de la pénibilité qui permet de comptabiliser sous forme de points les droits que chaque travailleur exposé à des facteurs de pénibilité acquiert du fait de cette exposition, points qui peuvent être utilisés à différentes fins (application progressive à compter du 1er janvier 2015).

Transition énergétique : création d’une nouvelle catégorie d’actions de formation

Les actions de formation relatives au développement durable et à la transition énergétique sont ajoutées à la liste des actions entrant dans le champ de la formation professionnelle continue (Loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte).

Transition énergétiqueCette loi fixe les objectifs, trace le cadre et met en place les outils nécessaires à la construction par les citoyens, les entreprises, les collectivités territoriales et les pouvoirs publics, d’un nouveau modèle énergétique français plus diversifié, plus équilibré, plus sûr et plus participatif.

Pour atteindre ces objectifs, la loi indique que l’État devra veiller avec ses partenaires à « structurer les filières industrielles de la croissance verte » et « renforcer la formation initiale et continue aux problématiques et aux technologies de l’énergie, notamment par l’apprentissage ».
L’article 2 énonce que les politiques nationales et territoriales, économiques, de recherche et d’innovation, d’éducation et de formation initiale et continue doivent contribuer au nouveau mode de développement de « la croissance verte » par les dispositifs réglementaires, financiers et fiscaux, incitatifs et contractuels mis en place l’État et les collectivités territoriales.

Prenant en compte l’impact de la transition énergétique sur les emplois existants, la loi précise aussi que les politiques publiques doivent « accompagner les besoins de formation et les transitions professionnelles » des personnels des secteurs concernés par la transition énergétique. Les politiques d’emploi et le dialogue social, tant au niveau des branches que des entreprises, devront « consacrer une attention particulière à l’accompagnement des transitions professionnelles afférentes à la transition écologique et énergétique » (Article 180 de la loi).

Les entreprises peuvent ainsi financer sur leur contribution formation, les actions de formation permettant « l’acquisition des compétences nécessaires à la connaissance des techniques de mise en œuvre et de maintenance des énergies renouvelables, ainsi que des dispositifs d’efficacité énergétique et de recyclage » (article L6313-15 nouveau du Code du travail).

Qu’est-ce que le compte pénibilité ?

Qu’est-ce que le compte pénibilité ?
La pénibilité au travail se définit comme l’exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé. En 2011, 10 facteurs de risques ont été définis et inscrits dans le code du travail. La loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites prévoit la création d’un Compte prévention pénibilité dont la mise en œuvre est progressive : 4 facteurs de risques sont pris en compte dès 2015, les 6 autres seront intégrés en 2016. compte_penibilite
Le Compte prévention pénibilité repose sur la définition de seuils annuels minimums d’exposition associés à chacun des 10 facteurs de risques cités ; chaque salarié exposé à au moins un facteur au-delà du seuil fixé, et dont la durée du contrat de travail est supérieure ou égale à un mois, doit être déclaré par son employeur.
Cette déclaration permet de bénéficier d’un compte et de cumuler des points au titre d’une exposition à un ou plusieurs facteurs de risques sur une période donnée. Le compte prévention pénibilité est alimenté tout au long de la carrière, jusqu’à 100 points maximum (non renouvelables) et permet de financer :

  • des formations professionnelles pour accéder à un poste moins ou non exposé aux facteurs de pénibilité,
  • des heures non travaillées, c’est-à-dire un travail à temps partiel tout en conservant son salaire,
  • la validation de trimestres d’assurance retraite (majoration de durée d’assurance), dans la limite de 8 trimestres ; cette utilisation peut permettre d’anticiper jusqu’à 2 ans l’âge de départ à la retraite par rapport à l’âge légal.

Les droits sont ouverts tout au long de la carrière, indépendamment des changements d’employeurs et des périodes de non-emploi. Les points accumulés restent acquis jusqu’à consommation totale, départ à la retraite ou décès du titulaire du compte.

Quels sont les 10 facteurs de risques ?
Les 10 facteurs de risques retenus sont répartis en 3 catégories et définis par une intensité (mesurée en décibels pour le bruit, en kilogrammes pour les manutentions manuelles de charges…) et une temporalité (mesurée par une durée d’exposition en heures ou une fréquence). Les seuils sont appréciés après prise en compte des moyens de protection prévus par l’employeur : moyens de protection collective, ou équipements de protection individuelle (casque, masque, etc.).

Les contraintes physiques découlant de la nature du travail

  • Les manutentions manuelles de charges
  • Les postures pénibles
  • Les vibrations mécaniques

Les facteurs de risques professionnels au titre de l’environnement physique agressif

  • Les agents chimiques dangereux y compris les poussières et fumées
  • Les activités exercées en milieu hyperbare (dès 2015)
  • Les températures extrêmes
  • Le bruit

Les facteurs de risques professionnels au titre de certains rythmes de travail

  • Le travail de nuit (dès 2015)
  • Le travail en équipes successives alternantes (dès 2015)
  • Le travail répétitif (dès 2015)

Qui est concerné par le compte pénibilité?
Si vous êtes salarié affilié au régime général ou à la Mutualité sociale agricole (MSA), vous pouvez bénéficier de ce dispositif quel que soit votre contrat de travail (CDI, CDD, intérim, apprentissage, etc.) d’une durée supérieure ou égale à un mois et sous réserve de remplir les conditions d’exposition.
Les salariés sous contrats de droit public ou affiliés à des régimes spéciaux, ainsi que les salariés des employeurs particuliers  sont exclus du champ d’application du dispositif prévu par la loi.

En savoir plus :

Et si vous adoptiez une démarche qualité ?

Se lancer dans une démarche qualité n’est pas forcément se soumettre à un cadre normatif et contraignant… Si la démarche qualité est l’ensemble des actions menées par une entreprise pour améliorer la qualité et la gestion de la qualité, proposer de meilleurs produits, services ou prestations à ses clients, faire évoluer les salariés, sa mise en œuvre concerne tous les salariés, pas simplement les responsables qualité, aussi les commerciaux…

La qualité au service du client
Sans forcément aller jusqu’à la certification via une norme, se lancer dans une démarche qualité permet simplement de poser un cadre à son action. Le premier avantage, pour le directeur commercial par exemple, est la satisfaction de son client. En effet, le client est au cœur de la démarche qualité. Il s’agit de partir de ses besoins  au travers d’une enquête de satisfaction, afin d’élaborer une stratégie commerciale pertinente et performante. Longtemps, les entreprises se sont en priorité posé la question du « comment », elles se posent désormais la question du « pourquoi ». démarche qualité
Un autre avantage de la démarche qualité, c’est de permettre une meilleure coordination en interne au service du clientune collaboration entre les commerciaux et les autres services pour co-construire une offre, tout en tenant compte des contraintes de chacun. Il s’agit de processus et d’approches qui ne sont pas forcément formalisés par une norme.

Comment mettre en place une démarche qualité ?
Tous les salariés peuvent être soit en articulation de la démarche si celle-ci est initiée par la direction générale, soit les moteurs dans la mise en place des nouveaux processus. Dans ce cas, il initiera une réflexion commune sur les sujets qui préoccupent l’entreprise en fonction de ses enjeux et des risques spécifiques. Cet aspect RH, qui est vraiment au cœur de la démarche qualité, s’incarne aussi dans la mise en place d’outils qualité favorisant le partage sur les dossiers.
Grâce à la démarche qualité, la qualité est promue à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.
Pour l’entreprise, une démarche qualité peut devenir une opportunité « d’amélioration continue », et notamment des processus de travail : prévention (et non simple détection) des défauts, créativité dans le traitement des problèmes, intégration plus forte des services, évaluation du management, analyse de satisfaction interne et externe. Dans cette perspective, la démarche qualité devient un levier d’innovation organisationnelle et sociale.

Le compte pénibilité pour le 1er janvier 2015

Mesure phare de la réforme des retraites, le compte personnel de prévention et de pénibilité adopté le 10 octobre 2013 et visant les salariés exposés à des situations difficiles ou des produits dangereux, devrait entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2015. Les partenaires sociaux se penchent actuellement sur les propositions du gouvernement et les décrets devraient être pris au début de l’été.

Rappel de la mesure envisagée pour le compte pénibilité

Compte pénibilitéCe compte personnel de la prévention de la pénibilité doit permettre aux salariés exposés à des facteurs de pénibilité de cumuler des points pendant leur carrière leur permettant ainsi de partir plus tôt à la retraite ou de se reconvertir grâce à des formations professionnelles.

Pour faciliter la mise en place de ce compte pénibilité, 3 points essentiels semblent aujourd’hui nécessaires :

  • la mise en place d’un référentiel de dix facteurs de pénibilité destinés à toutes les professions,
  • la rédaction d’un mode d’emploi branche par branche,
  • la nécessaire prévention au sein des entreprises.

 

Mise en place du compte pénibilité

Les entreprises vont avoir six mois pour se préparer à la mise en place du compte pénibilité et établir les fiches de pénibilité individuelles. Ces documents seront obligatoires pour les salariés exposés à au moins un facteur de pénibilité dépassant le seuil législatif, listé par le décret du 30 mars 2011 et si ces risques sont susceptibles de laisser des traces durables identifiables et irréversibles sur la santé (article L.4121-3-1 du Code du travail).
Aujourd’hui, une entreprise sur huit se dit capable de les mettre en place d’ici l’année prochaine.

Le compte personnel de prévention de la pénibilité adopté

Adopté en Conseil des ministres courant septembre et voté par les députés hier jeudi 10 octobre, le projet de loi sur la réforme des retraites prévoit la création d’un compte personnel de prévention de la pénibilité. Attribué à certains salariés soumis à des facteurs de pénibilité décrits par le code du travail, alimenté par des points, financé par une cotisation patronale, ce compte doit notamment favoriser la formation-reconversion des intéressés. À ce titre, le compte de prévention de la pénibilité devrait venir abonder le compte personnel de formation du salarié.

Le compte personnel de prévention de la pénibilité :

Le compte personnel de prévention de la pénibilité

A partir de 2015, tous les salariés du secteur privé exposés à des facteurs de pénibilité (répertoriés par les partenaires sociaux en 2008) bénéficieront d’un compte personnel de prévention de la pénibilité. On estime que 20% des salariés sont concernés. Chaque trimestre d’exposition à un facteur de pénibilité ajoute un point au compte, ou deux points en cas d’exposition à plusieurs facteurs.
Les points peuvent être convertis :

  • en temps de formation pour sortir d’un emploi exposé à la pénibilité et se réorienter vers un emploi moins pénible, car l’objet principal est bien d’aider les salariés à sortir de la pénibilité,
  • en passage à temps partiel en fin de carrière avec maintien de rémunération,
  • en trimestres de retraite.

Chaque tranche de 10 points rapporte un trimestre. Les 20 premiers points sont obligatoirement utilisés pour la formation. Les salariés qui sont aujourd’hui trop proches de la retraite pour avoir le temps d’accumuler suffisamment de points bénéficieront d’un doublement de leurs points, et ils ne seront pas obligés de les utiliser pour des formations. Le nombre total de points sera plafonné à 100.

Les dix facteurs de pénibilité retenus :

  • les manutentions manuelles de charges lourdes,
  • les postures pénibles définies comme positions forcées des articulations,
  • les vibrations mécaniques,
  • les agents chimiques dangereux, y compris les poussières et les fumées,
  • les activités exercées en milieu hyperbare,
  • les températures extrêmes,
  • les bruits,
  • le travail de nuit,
  • le travail en équipes successives alternantes,
  • le travail répétitif.

Le compte personnel de prévention de la pénibilité sera mis en place à compter du 1er janvier 2015.
Pour en savoir plus sur la pénibilité au travail et la mise en place d’un dispositif de prévention au sein de l’entreprise, inscrivez-vous à  la formation Pénibilité au travail.